mercredi 29 janvier 2020

Appui à la gouvernance participative de l’Aire Marine Protégée de Joal-Fadiouth



Les 16 et 17 janvier derniers, une rencontre importante s’est déroulée à Joal Fadiouth. En présence de l’ensemble des parties prenantes de l’Aire Marine Protégée de Joal-Fadiouth (le Représentant du Maire de la commune de Joal-Fadiouth, du représentant des mareyeurs, le bureau du comité de gestion de l’AMP de Joal et son Conservateur adjoint, les groupements de femmes, le Président du quai de pêche, le président du CLPA) et, bien sûr le responsable du bureau Nébéday de Palmarin, cette réunion avait pour objectif de redéfinir le statut et le règlement de l’AMP de Joal-Fadiouth, afin de contribuer à sa bonne gestion.

Pour renforcer l’efficacité de l’AMP de Joal Fadiouth et, par ricochet, préserver la biodiversité marine, Nébéday, dans le cadre du Projet d’Appui aux Aires Marines Protégées pour l’Atténuation et l’Adaptation aux changements climatiques du Saloum (PAAMPAAS) financé par PADEM-Programmes d'Aide et de Développement pour les Enfants du Monde, accompagne le comité de gestion dans ces différentes activités, y compris celles qui visent à consolider la gouvernance de l’AMP.

Les discussions du premier jour de cette rencontre ont porté sur la révision du règlement intérieur du 6 avril 2016. Après un rappel de ses différents articles, les participants se sont divisés en quatre groupes de travail, destinés, au terme des sessions, à faire émerger de nouvelles règles sur  les questions suivantes :
  • La pollution (poubelles, pollutions sonores, eaux usées industrielles)
  • Le passage des bateaux de pêche  dans l’AMP
  • L’usage de sennes de plage et de kilis (filets à crevettes)
  • La responsabilité de l’administration en cas d’accidents ou de dommages causés au cours d’une visite
Les principales propositions énoncées par les groupes de travail ont été les suivantes :
  • La pollution sous toutes ses formes est interdite au sein de l’AMP. Il est également interdit d’utiliser abusivement des appareils sonores tendant à perturber la quiétude de la faune.
  • Il est formellement interdit d’utiliser des sennes de plage et des engins filets de pêche de type kilis dans les cours d’eau de l’AMP. Toutefois, la pêche à la ligne et à l’épervier est autorisée.
  • Les bateaux sont autorisés à passer dans l’AMP, mais il leur est interdit de pêcher dans l’étendu de l’AMP.
  • Les accidents ou dommages occasionnés au cours d’une visite sont pris en charge par l’administration.
Ces discussions ont permis d’aboutir à de nouvelles closes à introduire au règlement d’intérieur.

La rencontre a également permis de définir un nouveau Plan de Travail Annuel et de réviser le statut de l’AMP. Le conservateur adjoint a d’abord fait le point sur l’actuel Plan de travail de l’AMP et sur l’état de ses avancements. Ont ainsi émergé les éléments suivants : 
  • La surveillance est exécutée à moitié car les dotations de carburant de l’Etat sont insuffisantes.
  • Les activités d’éducation environnementale n’ont pas pu être mises en place malgré que les écoles en demandent du soutien, mais les moyens restent limités car l’AMP ne génère pas de recettes.
  • La formation sur le rôle et la responsabilité n’a pas été réalisée, faute de moyens.
  • Le statut n’a pas été révisé car les mandataires ne sont pas renouvelés et l’insertion de nouvelles associations (enseignants, service d’hygiène, les jeunes pêcheurs, les Eaux et Forêts) et les affectations des agents de l’Etat pas pris en compte.
Sur base de ces constats, les participants se sont, une fois de plus, répartis en quatre groupes de travail afin de se concerter sur les questions suivantes :
  • Quels maillages sont autorisés pour les collecteurs d’arches ?
  • Quelles sont les périodes de réensemencement d’arches ?
  • Quels sont les bolongs favorable à l’ouverture de collecte ?
  • Quelles nouvelles règles instaurer pour le bon fonctionnement de l’AMP ?
Les principales propositions énoncées par les groupes de travail ont été les suivantes :
  • Nécessité de réaliser de nouvelles activités de sensibilisation à l’utilisation des mailles de tamis.
  • Nécessité d’ouvrir les bolongs d’arches et d’huitres toute l’année, excepté quatre mois de reproduction (juillet – octobre), afin de respecter les cycles biologiques.
  • Nécessité de verbaliser et de sanctionner par des amendes les activités frauduleuses (non-respect des mailles, pratique de pêche dans l’AMP, coupe de bois non autorisée, non-respect des rôles et responsabilités de chaque membre du comité).
  • Nécessité de renforcer les capacités des membres du comité de gestion sur les activités de l’AMP.
  • Nécessité de sensibiliser et de former sur les nouvelles techniques de construction de pièges artificiels (à base de sachets de Vitalait ou d’autre matériel alternatif à la coupe de bois d’espèces continentales (le tamarix, le filao), jusqu’ici fréquemment utilisées pour la pêche de poulpe et de sèches et de cales pour les pirogues.
  • Nécessité de réaliser un test de conservation sur une zone délimitée et protégée à l’abris des moteurs et de l’empiétement des humains afin d’évaluer les résultats, car d’après les résultats des pêches expérimentales, beaucoup d’espèces sont rares, voire ne se retrouvent plus.
  • Nécessité de respecter les rôles de chacune des parties prenantes pour la bone gestion de l’AMP : l’agent conservateur fait partie du comité de gestion entant que technicien, mais il ne lui appartient pas le rôle de décider sur tous les plans. Il doit accompagner les activités du comité, évaluer les différents projets de l’AMP, établir les plans d’action de l’AMP, faire respecter les règles de gestion, veiller sur les rôles et responsabilités de chacun, s’occuper des procédures administratives, accompagner les réunions mensuels et les assemblées générales, veiller au renouvellement de poste et des règles en fonction des besoins des populations.

Chapeautée par Nébéday, cette réunion a ainsi permis de faire émerger des pistes de solutions pour un meilleur respect des règlementations en vigueur pour la protection et la bonne gestion de l'Aire Marine Protégée de Joal-Fadiouth. Plus encore, elle a permis à Nébéday, dans son rôle d'accompagnement du comité de gestion, de définir avec les parties-prenantes de nouvelles closes et un plan de travail annuel réaliste et adapté aux besoins du terrain, visant à la gouvernance participative  de l'AMP. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire