mercredi 7 décembre 2011

L'apiculture selon Vautier à Sandicoly


L'abeille africaine (Apis adansonii), beaucoup plus redoutable que ses cousines européennes
La première partie de la formation apiculture auprès des femmes de Sandicoly s’est achevée dans l’enthousiasme général. Les femmes sont ravies d’avoir été formées à l’apiculture selon la méthode Vautier qui réunit 3 qualités essentielles : faible coût, entretien facile et bonne production. Elles ont d’ores et déjà projeté d’agrandir leurs ruchers !

L'objectif de Nébéday était d'offrir une formation continue qui mêle pratique, théorie et visites d'échange. La visite d’échange devrait se passer en février 2012, les femmes visiteront les ruchers de notre formateur Djibril Diatta. Ainsi formés, ces nouveaux apiculteurs seront autonomes en moins de deux ans.

Essaim sauvage d'abeilles africaines 
Les femmes ciblées par Nebeday vivent en périphérie de la forêt classée de Sangako. Les former à l'apiculture est un moyen de les impliquer dans la sauvegarde de leurs ressources et de leur apporter un complément de revenu régulier. Traditionnellement, l'apiculture au Sénégal se fait en récoltant le miel des abeilles sauvages et il faut au préalable incendier les essaims pour en chasser les habitantes. Cette technique détruit les abeilles mais surtout elle risque de mettre le feu à la brousse. La brousse est tellement sèche à certaines périodes de l'année, qu'elle peut s'embraser avec une simple étincelle. Les dégâts sont alors catastrophiques. Cette méthode offre une récolte faible et peu régulière mais surtout elle détruit bien plus qu’elle ne rapporte.

La méthode Vautier permet la construction de ruches simples, économiques et productives. Optimalement, une ruche Vautier peut produire jusqu'à 80kg de miel par an en deux récoltes, dixit notre formateur, Djibril Diatta, apiculteur casamancais formé depuis 10 ans à la méthode Vautier. De plus, le miel produit est d'excellente qualité et peut donc être commercialisé auprès des commerces, hôtels, campements. Ces fameuses ruches ont en plus la particularité de limiter les tentatives de vol car il est difficile de déplacer une ruche de 70 à 90kg ! Elles sont aussi résistantes aux feux et aux inondations. Un grand avantage dans cette région. Les abeilles sont doublement intéressantes pour les villageois car si les ruches sont placées à proximité raisonnable des champs, il se passe une meilleure pollinisation et les récoltes sont meilleures (de 20 à 30% sauf cas particulier). Les villageoises envisagent aussi de planter des espèces mellifères comme le nébéday (Moringa Oleifera) pour augmenter la production des ruches dans les années à venir. D’autant plus que s’ils sont bien pollinisés, les Moringas peuvent produire jusqu’à 3t de graine à l’hectare, c’est-à-dire presque 3 fois plus que l’arachide. L’huile de Moringa est très bonne pour la cuisine.

Une partie des ruches a été placée dans la mangrove et l’autre dans la forêt, les apicultrices obtiendront ainsi deux qualités de miel : un miel de mangrove doré, fondant et doux en bouche et un miel de forêt foncé, épais et fort. Comme on dit ici, un pour les femmes et les enfants et l’autre pour les hommes !

Des discussions vont être programmées avec l’hôpital de Toubacouta sur les bienfaits du miel pour la santé, ainsi que le Moringa, le fruit du baobab, et d’autres produits peu consommés pour leurs propriétés médicales. Cela fera l’objet d’un autre article.

Ruches Vautier finalisées et installées dans la forêt

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