lundi 26 mars 2012

Le neem, une alternative aux pesticides

Graines de neem presque à maturité
Le neem, ou Azadirachta indica, est un arbre qui a été introduit dans nos régions dans les années cinquante et qui s'est depuis parfaitement adapté. On en dénombrerait ainsi près de 25 millions ! Le neem est originaire d'Inde où il est utilisé depuis des milliers d'années dans la pharmacopée traditionnelle. Les tradipraticiens sénégalais l'ont très vite adopté, principalement pour ses propriétés antipaludiques.

Cet arbre pousse sous un climat semi-aride à semi-humide et supporte même les climats aux précipitations inférieures à 500 mm. Il montre peu d’exigences vis-à-vis des sols, s’accommodant de terres maigres, pierreuses ou sableuses. Au Sénégal, les arbres mesurent 10 à 12 m, sont très résistants aux feux de brousse et peuvent produire jusqu’à 50kg de fruits, ce qui équivaut à 30kg de graines. Autant dire que le potentiel du neem est réel.

Le neem produit par ses fruits, ses feuilles, ses fleurs et son écorce plus d’une centaine de substances chimiques, dont l’une d’elles (l’Azadirachtin) est l’un des bio-insecticide les plus performants qui soit. L’action biologique du neem permet ainsi de lutter naturellement contre plus de 400 espèces d’insectes ravageurs, dont certaines sont résistantes aux pesticides chimiques.

Les pesticides sont dangereux pour l'environnement, mais aussi pour la santé des agriculteurs qui manipulent ces substances toxiques. Cancers, troubles neurologiques et respiratoires, stérilité et malformations fœtales sont autant de conséquences néfastes de l'utilisation des produits phytosanitaires. Le neem, quand à lui, est sans danger pour la santé des individus et des animaux, il est même plein de bénéfices pour ses utilisateurs : c'est par exemple un puissant antiparasitaire interne et externe.

Dans la production agricole ou forestière, l'utilisation du neem permettrait la mise en place de procédés efficaces et respectueux de l’environnement pour les cultures nécessitant des pesticides (parasites), des fongicides (champignons) ou des insecticides (insectes). C'est aussi un fertilisant foliaire qui a fait ses preuves.

Les débouchés des produits issus de la transformation du neem sont nombreux :
  • L'huile peut être utilisé comme pesticide naturel, comme ingrédient cosmétique ainsi que dans la fabrication de savon.
  • Le tourteau issu de la pression des graines conserve ses propriétés fertilisantes et peut être utilisé comme thiouraye (encens) pour éliminer les insectes de la maison.
  • Les feuilles peuvent être réduites en poudre et être introduites dans certains cosmétiques et dans des préparation phytosanitaire
  • Le purin de feuilles (macération des feuilles dans l'eau) peut servir à assainir les animaux, le matériel et les locaux ou encore à préparer la terre d'une pépinière pour recevoir des semences ou des boutures.
  • Les jeunes branches vont servir de "brosse à dent" traditionnelle.
  • L'ensemble de la plante a des propriétés médicinales reconnues.
Le neem gagnerait donc à être mieux connu afin de ne pas servir essentiellement de bois pour la cuisine, ce que Nébéday va s'attacher à montrer par des formations.

Les premiers fruits commencent à sortir, les ateliers de formation à la transformation des graines de neem en huile, puis en savon, ainsi que la sensibilisation aux multiples usages du neem commenceront le mois prochain.

7ème édition semaine Alternatives aux Pesticides





La Semaine pour les Alternatives aux Pesticides est initiée par l’Action Citoyenne pour les Alternatives aux Pesticides, un réseau de 170 organisations créées par l’association Générations Futures. Depuis son coup d’envoi en 2006, cette initiative originale apparaît comme un événement fédérateur et novateur qui permet de maintenir la pression sur les décideurs et de prouver que l’on peut et que l'on doit se passer des pesticides.

Cette édition est la 7ème et plus de 700 événements sont recensés dans le monde. L’Afrique, quant à elle, va organiser pour la deuxième année consécutive la semaine pour les alternatives aux pesticides sous la coordination de PAN (Pesticide Action Network) Africa.

Le marché mondial des pesticides est d’environ 40 milliards de $US par an (2008) et l'Afrique ne représente que 4% de ce marché (soit 1,5 milliard $US). Malgré l’utilisation de ces produits chimiques, les pertes occasionnées par divers ravageurs et maladies se montent à 50% en Afrique.

Selon l’OMS, 30% des pesticides vendus dans les pays en développement ne sont pas aux normes acceptées mondialement. Sachant qu'un pesticide "aux normes" est loin d'être sans danger comme des procès en cours en Europe l'illustrent.

Les producteurs africains sont certainement les moins équipés pour se protéger et protéger leurs communautés contre les effets néfastes des pesticides. Dans leur grande majorité ils ne sont pas  alphabétisés (donc ne peuvent pas lire les instructions sur les étiquettes), ils ne sont pas formés sur les techniques agricoles, n’ont pas un accès facile aux informations pour mener à bien leurs cultures. Ainsi, même si l’Afrique utilise un volume moins important de pesticides qu’ailleurs dans le Monde, les faibles quantités utilisées présentent des risques très élevés pour la santé et l’environnement.

Dans de nombreux pays en développement, les enfants sont plus exposés aux risques d’intoxication par les pesticides que les adultes, et ils ont besoin d’être protégés. Selon la FAO, le nombre annuel des intoxications d'enfants par ces produits se situe entre 1 et 5 millions, dont plusieurs milliers de cas mortels.

Les pays en développement, qui n’utilisent que 25% des pesticides produits dans le monde, enregistrent 99% des décès dus à ce type d’intoxication. En Afrique, le transport des substances dangereuses, leur stockage et leur utilisation ne sont pas totalement maitrisés. Les substances persistantes, bio-cumulatives et / ou toxiques, prolifèrent dans l’environnement entraînant pollution atmosphérique, marine ou terrestre.

Dans ces conditions, la première démarche consiste à limiter l’exposition à ces produits. Ceci passe par une sensibilisation des communautés !

Pour plus d’infos sur l’événement  www.semaine-sans-pesticides.com

Source : pan-afrique.org

lundi 12 mars 2012

Rencontre entre les femmes leader d'Aliniha

La journée de la femme a été célébrée ce jeudi 8 mars 2012 devant les locaux de Nébéday à Tambacounda.

Les trois Associations Aliniha Autogérées qui sont BENKADI de Camp Navétanes, AND LIGGUEY de Pont et KHERAMAKONO de Kothiary étaient présentes. Ces trois associations regroupées au sein de l’inter-association JEKA BARA ont profité de cette occasion de se retrouver ensemble pour communier et resserrer leurs liens.


Après le mot de bienvenu de la présidente de JEKA BARA, la cérémonie a été ouverte par la représentante du maire de la ville de Tambacounda. Les présidentes des différentes associations ont échangé avec leurs sœurs des objectifs qu’elles se sont fixés : contribuer au développement durable de leurs localités respectives en valorisant et en protégeant les ressources naturelles et aider leurs membres à devenir des actrices d'un développement durable. Elles ont aussi échangé sur le partenariat qui les lie à Nébéday.


Cette journée a été l'occasion pour les femmes d'Aliniha de présenter les différents produits qu'elles transforment : céréales locales, conserves de fruits et légumes, poudre de feuilles de moringa oleifera, poudre de pain de singe, savon à base de beurre de karité, teinture, succédané de café à base de graines de pain de singe.


Les 200 femmes présentes ont profité de cette journée pour débattre du rôle de la femme dans la société d'aujourd'hui ainsi que de la nécessité pour elles de prendre les devants face aux problèmes environnementaux rencontrés dans leurs localités respectives (Tambacounda et Kotiary).

Poulo diaw, secrétaire de l’association JEKA BARA, a appelé avec ferveur ses sœurs à s’impliquer dans la gestion durable de leur environnement notamment dans la valorisation respectueuse des ressources naturelles et qu’il était inadmissible que des tierces personnes, motivées par le seul but de gagner de l’argent viennent dilapider les ressources de toute une communauté.

Dans la même logique Kadija Sangare, présidente de JEKA BARA, est revenue sur le concept de l’autogestion qui vise à amener les associations vers l’autonomie afin qu’elles deviennent les actrices du développement durable de leurs régions.

La cérémonie s'est achevée par un reboisement de l’espace qui se trouve devant les locaux de Nébéday Tambacounda. L’association Benkadi de Camp Navétanes s'est engagée à entretenir les arbres plantés.



mardi 6 mars 2012

Avis aux amateurs de café


Nous sénégalais sommes de grands consommateurs de café, mais bizarrement nous ne consommons que deux qualités de café : le café Touba et le nescafé instantané.

Le café Touba tire ses origines de l’époque de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme. Il a rapporté de son exil au Gabon une épice, le diar (fruit séché du Xylopia aethiopica), qu'il a eu l'idée de mélanger au café importé par les colons. Le diar est utilisé en médecine traditionnelle pour ses propriétés anti-microbienne, il est réputé contre la grippe, les bronchites ou la dysenterie. Depuis, ce café s'est imposé dans tout le Sénégal, il est consommé par 70 % de la population. Le Sénégal, n'étant pourtant pas un producteur de café, est devenu un exportateur !

Torréfaction artisanale





Mais parce que la nature est généreuse, il se pourrait en fin de compte que sans le savoir le Sénégal soit aussi un "producteur". Le baobab, cet arbre déjà si généreux, offre des graines qui, une fois torréfiées, font un succédané de café au goût très savoureux. Si ces graines sont torréfiées avec le diar, il n'y a même presque plus de différence de goût. Quant on sait que la graine représente 65% du poids du fruit, on se rend compte qu'il y a là un potentiel énorme. 


Le café de bouye saura t-il ravir les papilles de nos compatriotes aussi bien que le café Touba ou le nescafé ? Voila en tout cas un débouché plus qu'intéressant pour les transformatrices du Saloum et de Tambacounda qui sont progressivement initiées à la torréfaction artisanale par nos animatrices.

A ce jour, Nébéday a formé plus d'une centaine de femmes à la torréfaction des graines de baobab et l'ensemble du café fabriqué lors des formation s'est à chaque fois vendu dans la journée. De nombreuses femmes préparent désormais le café pour leur famille tandis que d'autres le préparent pour le vendre dans leur cantines.
Fin de formation et dégustation du "café" de baobab


vendredi 2 mars 2012

La méthode Aflatoun et l'avenir de nos enfants


Les premières formations Aflatoun dispensées par Nébéday ont touché 17 écoles et 81 enseignants respectivement à Djilor les 21/22 et 28/29 janvier, à Fatick le 30 et 31 janvier et à Kotiary les 11/12 et 18/19 février.


Aflatoun a pour objectif de former des enfants de 6 à 14 ans à devenir autonomes et à prendre conscience de leur capacité à agir en tant que citoyen. Le programme s’intègre dans le cursus scolaire et a la particularité d’équilibrer éducation sociale (droits, responsabilités, valeurs),  financière (économiser, planifier, budgétiser, entreprendre) et environnementale (sensibilisation aux enjeux de développement durable). Ainsi, ils deviennent acteurs de changement dans leur communauté.



Les enseignants ont été particulièrement satisfaits de cette formation qu'ils ont jugé concrète et utile. Les enseignants ont été formés à de nouvelles approches pédagogiques ludiques et participatives et à l’acquisition de savoir faire à partir de jeux pratiques. Notre formation leur a permis de se familiariser avec les thèmes clés de l’environnement tels que l’écosystème, la biodiversité, le dérèglement climatique, le développement durable.



La méthode Aflatoun place l'enfant au cœur de la pédagogie. Les enseignants ont pour rôle de conscientiser les enfants. A l'heure de la crise sociale, financière et environnementale, le programme Aflatoun répond à ces problématiques en contribuant à éveiller les adultes de demain.

Trois formations sont déjà programmées pour le mois de mars : éducation environnementale à Djilor et Kiotary, éducation sociale et financière à Fatick.